Island 9101 674
Le premier album d'Illusion propose du prog (ou, pour dire peut-être les choses plus honnêtement, de la pop aux influences classiques) de très belle mais aussi très traditionnelle facture (la jolie "Isadora" aurait pu séjourner à la cour du roi Crimson... et la fin du disque [la deuxième partie de "Candles are Burning" pour être précis] semble vouloir s'éloigner sur "The Long and Winding Road" [la première partie du même morceau, plus rythmée, ferait davantage penser, à la rigueur, à du Yes]...).
Relancer une carrière avec ce genre de musique en l'an 1977 (le punk, le disco, tout ça, vous vous souvenez...) est révélateur d'une certaine inconscience de la part du groupe. Mais Jim McCarty (qui intervient relativement peu fréquemment mais a tendance par son statut de principal compositeur à garder les meilleures chansons pour lui...) et Jane Relf n'ont jamais aussi bien chanté, Jane dans le pire des cas ressemblant à s'y
méprendre à Christine McVie. Et d'ailleurs, étant donnée aussi la capacité des musiciens à garder leur virtuosité sous couvert (en particulier John Hawken omniprésent mais pourtant discret aux claviers, et John Knightsbridge très sous-employé à la guitare...), ils n'auraient pas eu beaucoup d'efforts à fournir pour copier Fleetwood Mac époque "Rumours" et gagner plein de sous, plutôt que de remettre le couvert pour un deuxième album un poil même plus authentiquement progressif, avant de se séparer à nouveau...
Jane, bien mise en avant pour faire joli (bof) sur la pochette (enfin, mise en avant sur la plupart des chansons à l'intérieur du disque aussi, donc ça se justifie un peu quand même...) |
Au-delà de ces considérations, cet album s'apparente à un véritable camouflet dans la tronche à Annie Haslam et ses acolytes, car Illusion comme Renaissance alors bricole une musique structurellement très simple (pour du prog...) qui flirte parfois même dangereusement avec la variète, mais contrairement à Renaissance parvient miraculeusement à faire quelque chose de réellement beau et touchant. A noter quand même que le groupe ouvre le disque sur un véritable chef d'œuvre ("Isadora", ballade progressive exemplaire de limpidité et de subtile mélancolie) qu'il ne parviendra plus à égaler, d'autant que la deuxième face paraît plus faible que la première, du fait notamment de la présence d'un réenregistrement de "Face of Yesterday" pas totalement utile (bien que constituant une amélioration par rapport à la version originale).
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