SFP 30.006
On va faire un bond inhabituel dans le passé avec ce disque sorti en 65 mais peut-être composé et enregistré déjà quelques années avant (le texte qui permettrait le mieux de dater l'œuvre à l'arrière de la pochette est assez ambigu, et les infos sur le compositeur ne sont pas légion sur le web). Paul Boisselet est donc un précurseur méconnu de la musique concrète, si obscur même que je n'ai trouvé nulle part une biographie de lui (seul le site www.musiquecontemporaine.fr donne ses dates : 1917-1972...), et ses disques sont rarissimes (bien qu'ayant connu au moins deux éditions)...
Le compositeur dans une revue spécialisée à l'occasion de la représentation de sa "Symphonie Rouge" en décembre 1949... |
Pour "Le Robot" qui nous intéresse ici, la référence que je donne est celle de la 2ème édition (c'est marquée sur les étiquettes...), pour un exemplaire en bon état comptez au bas mot une ou deux centaines d'euros (le mien m'a coûté cent fois moins mais c'est un rescapé des archives humides de l'ORTF qui gratouille tout le long... la qualité du pressage étant peut-être en partie à incriminer, d'ailleurs dans une note au dos la SFP incitait à commander une version sur bande magnétique pour les usages professionnels, le disque ayant manifestement été offert sur le marché de l'illustration sonore de manière d'autant plus logique qu'il porte le sous-titre de "puzzle Cinémato-chorégraphique"). Il existe cependant une réédition islandaise (ahum ?)... sur CD-R (la honte...) parue au début de cette année et déjà épuisée (à ce que je comprends ils n'en ont gravé que 100) donc apparemment il y avait des tas de collectionneurs assez désespérés pour payer 10 euros pour un CD-R pour entendre ce disque (avec un son cette fois très propre, quoique limité de toute façon par la qualité de l'enregistrement d'origine ; si vous êtes malins vous pouvez récupérer la quasi-totalité en mp3 en repiquant certaines émissions de radio underground qui en ont diffusé des plages)...
Alors que vaut "Le Robot" musicalement ? Disons que si vous regardez bien la pochette vous saurez déjà en fait à quoi vous en tenir :
un robot géant craignos assemblé à partir d'éléments peut-être pas toujours adaptés (on ne s'en rend pas forcément bien compte sur une image réduite, mais le robot a un téléphone à cadran à la place du zizi...) et dont on se dit quand même qu'il y a peu de risque de le voir bouger tout seul en vrai, piétine un paysage en papier crèche peuplé seulement d'un couple humain (enfin, de leurs silhouettes en papier...) tandis que se couche un soleil-horloge (symbolisme quand tu nous tiens...) sur un ciel rouge fait avec plusieurs pièces de tissu (?) : c'est vieillot, c'est kitsch, ça ne fait pas illusion, et en même temps l'image d'ensemble est bien agencée, frappante et fascinante (et quand même un peu rigolote aussi si on veut). Ben la musique dedans c'est un peu pareil. Formellement, les sons, les techniques sont rudimentaires et/ou ont pris un sacré coup de vieux, en particulier les claviers archaïques (orgue, clavecin, piano) et les passages joués aux violons de facture très classique et un peu longuets rapportés à la durée déjà très courte de l'album (ce qui occasionnera une relative déception si l'on s'attendait à quelque chose de plus moderne ou de vraiment électro) ; et les passages réellement "concrets" ou bruitistes (bruitages d'usine, et percussions métalliques en force...) avaient peut-être une chance de paraître novateurs à l'époque de la création (on peut noter un usage poussé des effets stéréo, qu'on perd un peu dans les MP3 sur l'ordi) mais sont dépassés, voire paraissent clichés de nos jours (et je ne parle même pas du passage parlé qui cite Parménide, ou du rire zinzin à la fin...). Comme on nous l'annonce au dos, "[...] le compositeur a fabriqué pour le ROBOT des morceaux qui s'emboîtent comme les éléments d'un puzzle" ce qui veut dire en pratique que la structure juxtapose et alterne des passages des différents types de musiques tout au long de chaque face, ce qui est susceptible d'éveiller l'attention des amateurs de Canterbury / RIO qui ont l'habitude de constructions chaotiques et d'ambiances de ce type. Pour une œuvre de musique contemporaine ou concrète, ce côté volontairement ludique évite l'aspect rébarbatif et abscons que l'on associe généralement au genre (enfin pas totalement... y a des longueurs...). Et au-delà de l'intérêt historique et d'un côté presque "nanar", la musique du "Robot" qui laisse l'auditeur actuel dubitatif au premier abord, gagne beaucoup à la réécoute. C'est là que le charme de ces bruits étranges d'un autre âge finit par opérer, surtout si l'on se prend au jeu d'imaginer, comme y invite un des textes à l'arrière de la pochette, les images du film qui vont avec la bande-son proposée ici (mais ça ressemblera sûrement plus à "Metropolis" qu'au dernier "Terminator"... quoique)...
Salut, j'ai un exemplaire de son autre album (Symphonie Rouge/Symphonie Jaune) depuis + de 40 ans mais j'aimerais bien pouvoir ecouter Le Robot!
RépondreSupprimerT'as pas un lien?
Cheers
si tu cherches "paul boisselet robot mp3" sur google tu tomberas sur des trucs genre :
Supprimerhttp://radiovalencia.fm/greekmind/?p=377
(par exemple ici il faut l'extraire de l'émission, mais tu peux déjà avoir toute la face b).
la face a traine quelque part du même genre mais il me semble que ça ne correspond pas fidèlement au contenu du vinyle (manque le début, et le passage parlé paraît chuchoté...)
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerquelques infos supplémentaires:
SupprimerEn préambule je précise que mes (très modestes) apports à la connaissance de Paul Boisselet mériteraient d'être vérifiés ou recoupés avec d'autres.
J'ai rencontré une seule fois Paul Boisselet, à Rouen début des années 70, lors de l'installation d'une exposition de tableaux de son ami le peintre Jean-François Jamoul. C'était un homme au physique imposant et au caractère affable. Hélas étant fort occupé par l'organisation de l'expo, nous n'avons que peu parlé.
En plus des deux LP déjà cité il existe un troisième, d'une facture très classique publié par les Disques du Club de l'Echiquier (référence: CED 30 C I A).
Le disque Symphonie Rouge / Symphonie Jaune avait fait aussi l'objet d'un tirage très limité avec une gravure de Jean-François Jamoul.
Paul Boisselet utilisa le pseudonyme de Bob Larsen pour l'enregistrement d'un EP du groupe garage LES ANONYMES (SFP 22010).
Jean-François Jamoul m'avait dit également, que Paul Boisselet (au moins à ses début) avait utilisé la piste audio de films pour ses enregistrements (à la place d'un magnétophone.
Il me rapporta aussi qu'il avait collaboré avec Jean Cocteau pour le film "La Belle et la Bête". Il aurait eu l'idée des bras porteurs de torchères et sortant des murs.
Enfin Paul Boisselet est l'auteur d'un petit opuscule intitulé "Le Romantisme Révolutionnaire".
Cordialement
Jean-Pierre
erratum:
Supprimermea culpa, ce n'est pas "Bob Larsen" mais "Basil Larsen"
Bonjour, je suis l’heureuse propriétaire d’un vinyle de la deuxième édition. Avis aux collectionneurs, il est à vendre.
RépondreSupprimerBonjour, je suis l’heureuse propriétaire d’un exemplaire du vinyle de la deuxième édition. Avis aux collectionneurs, il est à vendre.
RépondreSupprimerBonjour, je suis l’heureuse propriétaire d’un exemplaire du vinyle de la deuxième édition. Avis aux collectionneurs, il est à vendre.
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