dimanche 10 juin 2012

Jack Juchet - Chant sans Passeport (1977 ?)

Phalène 770401

Ce disque est tellement peu connu qu'on ne trouve quasiment rien dessus en dehors de quelques annonces de vendeurs qui en ont un exemplaire en stock et ont bien du mal à le faire partir (faut dire aussi qu'ils ne font pas beaucoup d'efforts pour intéresser le client potentiel). 


On ne sait même pas quand il est sorti, mais je me risquerais à supposer 1977 de par les sonorités qu'on y entend, et du fait que la référence "770401" sur le label "Phalène" (sur lequel n'est semble-t-il d'ailleurs paru aucun autre disque...) a l'apparence d'une date...

La photo à gros grain d'un barbu et le titre du disque peuvent laisser attendre un chanteur plus ou moins engagé (ou à la rigueur un folkeux), à ce stade-là on n'a pas forcément envie de risquer 1 euro dessus mais si on retourne l'objet, un détail va attirer notre attention : parmi les accompagnateurs de l'inconnu Jack Juchet se trouvent Alain Ranval à la guitare électrique et Dominique Esnault à la batterie, plus connus peut-être sous les noms de Ramon Pipin et Hubert de la Motte Fifrée (les autres musiciens étant : Eric Vivié - claviers, Guy Fasolato - guitare acoustique, Patrick Chemer - basse).
Une telle équipe demeurant a priori capable du meilleur comme du pire, à l'écoute la surprise s'avère plutôt bonne. Je ne dis pas non plus que c'est un chef d'œuvre, mais c'est un disque sympathique au cours duquel on ne s'ennuie pas trop (c'est déjà ça) avec tout de même des défauts dont le principal est Jack Juchet lui-même. Il s'agit comme on pouvait le craindre d'un pur chanteur (auteur-compositeur-interprète...) qui se rêvait peut-être comme l'égal de Léo Ferré mais arrive au mieux à ressembler à Henri Gougaud, avec des textes d'une valeur littéraire limitée et une prestation vocale qui n'a rien d'exceptionnel... Ce qui sauve le disque, c'est les arrangements plus ou moins rock (pas tout à fait du même genre et du même niveau que "La Folle", mais...) que nous livrent comme nous l'avions secrètement espéré Alain Ranval et cie (ben oui faut pas se leurrer, c'est comme les disques de Béranger ou de J. P. Verdier, c'est uniquement pour Alarcen ou Markusfeld qu'on les achète...), l'ensemble présentant par moment un décalage tel que l'on pénètre dans le second degré, l'exemple le plus significatif en étant donné dès la première chanson avec son rythme disco irrésistible. On comprend que dans "La Ville" le hard-rock façon "Flight of the Rat" (enregistré malheureusement très atténué sous la voix) est destiné à illustrer un paysage urbain porteur d'une certaine violence... mais c'est bien amusant.


Bon quand on y regarde de plus près, sur 10 chansons seules 4 sont vraiment géniales (euh... pas sûr que ce soit le terme le plus approprié quand même), à savoir tous les débuts et fins de faces, quoique les autres chansons bénéficient également souvent d'arrangements intéressants (la 2ème de chaque face étant par contre définitivement ringarde et chiante...), on notera par exemple le pseudo-psychédélisme un peu prévisible de par le titre de "Alcools et Fumées" (avec bandes inversées mais ça ne va pas très loin). Plus particulièrement réussie (et ce presque même prise au premier degré), la dernière chanson de l'album ressemble un peu à "One of These Days" mais en mieux (et puis avec une chanson française par-dessus...) et avec des effets de synthétiseur rigolo qui viennent vous prendre par surprise. Moi ce disque me fait bien délirer !!! (bon, peut-être que c'est aussi le soulagement de n'avoir pas acheté une totale daube comme c'est parfois le cas...)

(faut peut-être pas trop exagérer non plus...)

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