mardi 29 mars 2011

Jaco Pastorius - Word of Mouth (1981)

Warner Bros. WB 56 897

Après Paga l'autre jour, on continue dans les basseux jazzeux avec ici le plus emblématique, c'est à dire souvent le plus chiant de tous, à savoir Jaco Pastorius : j'avoue sans complexe détester le Weather Report dont il fit partie, et j'ai naguère possédé son album éponyme ou homonyme (comme vous voulez) dont je me suis bien vite débarrassé en l'ayant jugé tellement inintéressant que je ne voulais même pas me fatiguer à en dire du mal dans mon site. J'ai quand même ramassé cet album-ci au cas où...
et je n'ai pas trop mal fait finalement, même s'il présente un gros inconvénient qui rend sa notation problématique : voilà, il s'avère que, la première face est nulle et chiante, tandis que la deuxième est bien (d'où l'intérêt de recourir au format 33 t., héhéhé). Plus précisément, la première face s'ouvre par un truc free-jazz inécoutable ("Crisis"), et enchaîne sur du vieux jazz ringard ("3 views of a secret" et le très long et très chiant - par ailleurs le morceau qui ressemble le plus à du Weather Report - "Liberty City") où Jaco le "Hendrix de la basse" (qui est le crétin qui a inventé cette expression ?...) laisse la place à Jaco le compositeur qui travaille ses compositions au piano avec un crayon dans la bouche (je me contente de décrire la photo de la pochette interne)... Car à ce stade de sa carrière, Jaco avait des ambitions de leader de big-band... Big-band moderne et bizarre, dont le personnel n'est listé nulle part sur la pochette (bon si ça vous intéresse, on trouve facilement qui c'est, google est ton ami : y a Shorter, Hancock, etc... mais le seul qu'on entende de manière reconnaissable est Toots Thielemans à l'harmonica). Si vous n'avez pas perdu patience après la 1ère face, vous allez tenter la 2ème et avoir une bonne surprise, même si (ou parce que ?...) ce que vous allez entendre est un peu saugrenu : d'abord un solo de basse qui s'inspire d'une "fantaisie chromatique" de J.S. Bach, noyé assez rapidement sous une espèce de musique traditionnelle asiatique à base de percussions, se fondant elle-même dans une reprise instrumentale de "Blackbird" des Beatles (l'harmonica remplaçant le chant), pour enchainer sur le morceau qui donne son titre à l'album, est le seul à appartenir clairement au style fusion (et de la bonne bien rock, pas de la soupe pour standard téléphonique) et contient le jeu de basse le plus hallucinant du disque. Le final "John and Mary" est un peu du même tonneau que "Liberty City" (truc à rallonge avec le big-band), à la différence près qu'il est plus joyeux, plus vivant (Pastorius chantonne en accompagnement de sa basse...) et avec une construction un petit peu plus élaborée (pour ne pas dire progressive...), donc il fonctionne bien là où l'autre tournait à vide.


Et je trouve que même le design de la pochette n'est pas trop mal...

6 commentaires:

  1. enchaîne sur du vieux jazz ringard ("3 views of a secret"

    ...lol , qu'est ce qu'il ne faut pas lire ,
    cette composition est simplement géniale , si c'est juste le format "jazz" qui te déplait et que tu n'es pas capable de faire abstraction de ton rebus pour apprécier a la saveur de cette sublime composition, contente toi de garder ton avis pour toi .

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  2. *apprécier a sa juste valeur , la saveur ..

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  3. si je me contente de garder mon avis pour moi, il n'y a pas de blog :P

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  4. Oui c'est juste, c'est bien de dire ce que l'on pense... et c'est bien d'en débattre, les blogs sont fait pour ça ;-) Je pense que le fait de comparer Hendrix à Pastorius vient du fait qu'il explorait également à fond sa basse en cherchant des astuces pour en faire sortir des sons inhabituels. J'aime le son de la fretless, il a défretté sa Fender basse lui même car ça n'existait pas à l'époque. Grosse influence ensuite sur tous les bassistes de fusion ! C'est un grand personnage, mais quel était ce mal être qui le rongeait...

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  5. Le problème avec Jaco Pastorius est, à mon sens, l'inégalité et pour l'auditeur, tout comme pour lui surement. Il a souvent la folie et le défaut du virtuose instrumentiste et, à ce titre il est vraiment casse c..., puis soudain il peut être un compositeur quasi génial ou un arrangeur de grand talent, quasi original. Bon il est servi par un gros casting de potes (Brecker, Sanborn, Erskine, Mintzer...), alors forcément, ça aide...
    Le Pastorius que je préfère c'est celui où il est "au service"... Dans Bright Size Life de Metheny, là, il "sert" la zic. Dans le "Mingus" de Joni Mitchell il pose avec le Dry cleaner from des moines les bases de son écriture pour big band. Il ne fera jamais mieux et ré exploitera cette formule dense et compacte partout par la suite. Mais, là où je crois qu'il est au taquet, parce que "encadré", "géré" et donc respectueux, c'est dans le Heijira de Joni Mitchell, d'ailleurs dans l'album suivant "Don Juan Reckless Daughter", elle lui lâche la bride et avec Shorter infiniment bavard et "hors sujet" (alors que je vénère sa période blue note et ce compositeur), ça rend cet album lourd et indigeste, comme un truc plein de chantilly...
    Bref, Jaco, c'est l'idole des bassiste qu'il faut calmer dès qu'ils attaquent Continuum ou Donna Lee, mais ça reste un incontournable de l'évolution de l'instrument. On ne peut pas reprocher à un type d'avoir expérimenté, essayé, pour une fois avoir trouvé sa voie instrumentale tenter de passer à autre chose, l'arrangement et la composition...
    Word of Mouth, je l'ai beaucoup écouté, mais ceux que je préfère c'est les Twins 1 et 2 au Japon, même si je ne suis toujours pas arrivé à me faire à ce satané steel drums de Molineaux qui caraïbise le truc en décalant à outrance.
    Quand à Weather Report période Jaco, je ne m'étendrais pas... Je les ai vu, c'était balaise (en quartet avec Erskine) - je viens de me faire le live à Montreux et même si j'ai aimé la rigueur et l'impro maitrisées, Acuna et Badrena avec leurs délires respectifs de fracas de percussions, c'est très très vite soit risible, soit on les laisse faire et on va chercher un truc dans le frigo en attendant que ça passe... Sacrées années 70 et les jams à outrance.

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    1. ah ah à mon avis tu as bien exprimé ce que beaucoup pensent tout bas !!!

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